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simone weil - Page 2

  • Fosse aux hyènes

    Peux pas m'empêcher de voir la rebelle Simone Weil comme une martyre à la merci des hyènes démocrates-chrétiennes. Que ne la laissent-ils pas en paix !

    Le procédé est systématiquement perfide, comme l'attaque de la revue pieuse "Sedes Sapientiae" (n° de mai - revue qui prétend remettre saint Thomas d'Aquin à la mode), après l'attaque de "Famille chrétienne", le prouve.

    Le truc consiste d'abord à dire du bien de cette héroïne, en préambule, dans les termes les plus généraux, de sorte que le lecteur lambda aura de la peine à faire la différence entre Simone Weil et l'une de ces peu indispensables greluches, Edith Stein ou Hannah Arendt, entichées de philosophie nationale-socialiste jusqu'à la tautologie... avant de diffamer S. Weil par derrière et de lui prêter des propos incohérents.

    Le coup bas le plus facile, Hervé Pasqua qui signe l'article dans SS ne manque pas de le porter : "Simone Weil est morte d'anorexie". Sans aucune preuve et alors qu'on peut penser que Simone Weil souffrait d'une maladie qui l'empêchait peu ou prou de s'alimenter.

    Purement gratuite aussi l'assertion suivante de ce Pasqua que la philosophie de Simone Weil est "mortifère".

    On comprend que Pasqua ait donné "pasquinade" ! En effet, ce gugusse est par ailleurs l'auteur d'un bouquin sur Nicolas de Cues ("Krebs", en allemand), fameux branleur qui contredit complètement Aristote, et, partant, un péripatéticien même imparfait tel que saint Thomas d'Aquin. Voilà le niveau de cette revue, celui de la "docte ignorance" prônée par le "crabe" de Cues.

    On m'a déjà du reste auparavant transmis un article du même niveau tiré du même torchon, article vantant la théorie cabalistique et parfaitement lâche de Rémi Brague sur l'Europe et le tour romain qui la caractériserait.



  • Fier d'être misogyne

    On peut comprendre l'inversion de notre époque par ce biais : l'attribution aux hommes de vertus féminines telles que le goût pour le sexe et la guerre. "Génération et corruption" : en un titre, l'élève d'Aristote peut tout saisir de la raison totalitaire que nous subissons, au point pour les plus tarés de leur faire désirer la mort.

    Bien sûr, il y a des femmes plus viriles que des hommes, même si l'exemple de Simone Weil est le seul qui me vienne à l'esprit, et des hommes plus femelles que des femmes. Le grammairien judéo-boche Frédéric Nitche témoigne qu'il est le produit de l'angoisse vaginale, en concluant que seules sa mère et sa soeur auraient pu lui faire renoncer à son idée d'"éternel retour". Toutes les aberrations scientifiques participent d'ailleurs pour partie du raisonnement "génétique".

    Quelle signification peut avoir un "principe féminin" distinct d'une femme en particulier ? "Notre sainte mère l'Eglise" est de ces principes féminins, qu'il serait un peu long à disséquer. Elle est la première grande "personnalité morale" de l'ère moderne. Et lorsque des hommes politiques, Le Pen ou Kouchner, dépeignent les Etats comme des "monstres froids", il convient de rajouter que ces monstres froids auxquels sont dévoués les hommes politiques sont des femelles. Le capitalisme est un autre système féminin dominé entièrement par les cycles et la génétique, la recherche du temps perdu.

    C'est en appliquant la même logique aristotélicienne que Karl Marx a anéanti simultanément l'Eglise, l'Etat (national-socialiste) et le capitalisme afin de sauver de leurs griffes la Vérité, devant laquelle les femmes tournent le plus souvent les talons lorsqu'elles l'aperçoivent. Le prince des poètes, Baudelaire, pas très loin de l'homosexualité comme Nitche, conçoit même l'art comme une protection contre la vérité - étant donné qu'il fait aussi l'éloge du maquillage des femmes, on pourrait dire : comme un "masque de beauté". Le grand mérite de Baudelaire étant, contrairement au clergé actuel, de ne pas cacher qui lui inspire ses vers.

     

  • Ma guerre

    Trois derniers chapitres de mon "Journal de guerre" (version pdf) : janvier, février, mars, dans une version raccourcie.

    marslapinos[1].pdf


    Je ne crois pas avoir jamais vraiment désarmé au cours des quinze dernières années et je me considère donc presque comme un ancien combattant, bien que je sois trentenaire. Simplement mon combat a redoublé d'intensité depuis un an ou deux. Il ne s'agit pas encore de la version définitive de mon Journal que je publierai -si Dieu veut que le temps nous oppresse encore jusque-là-, en septembre prochain.

    Amateurs de poésie et de romans, de rock'n roll, passez votre chemin : de style mon journal n'a pas ; c'est une arme, pointée notamment contre une forme violente d'oppression : la science laïque athée, mensongère dans toutes ses parties, et qui reçoit le soutien positif navrant de nombreux fétichistes chrétiens. Ceux-là préfèrent les clichés glacés du cinéma à la réalité du carnage sanglant auquel la science laïque est mêlée.

    Car ce n'est pas seulement la science économique prospective qu'on a vu s'effondrer il y a quelques mois qui est susceptible de se retourner, comme la Créature de Frankenstein se retourne contre son génial inventeur ; non, le cancer touche tous les membres. C'est sans doute pourquoi aucun des crétins de Princeton, des béotiens nobelisés, labelisés, et leurs mathématiques financières aussi prétentieuses qu'ineptes, n'ont été ne serait-ce qu'inculpés : pour éviter qu'on ne découvre que le roi tout entier est nu, et pas seulement ses extrémités algébriques les plus froides.

    L'ébauche de critique radicale de Simone Weil, dirigée contre Planck et Boltzmann, est en elle-même une véritable bombe lancée contre l'Université, si on y regarde à deux fois. Je ne fournirai le complément solide de la critique de Simone Weil qu'en annexe de la version définitive de mon Journal ; en attendant je crois que les derniers chapitres, surtout les mois de février et mars, donnent une assez bonne idée de l'ampleur de mon révisionnisme scientifique et, surtout, de la largeur du trou noir, de l'épaisseur des bésicles des fouteurs de merde qui grouillent dedans, depuis le sinistre XVIIe siècle de Pascal et de Descartes où tout à commencé, conformément aux écrits prophétiques des plus grands savants de la Renaissance, qui avaient vu les nuages de tempête s'amonceller, présages de la grande misère.



     

  • Dieudonné... sans confession !

    La candidature de Dieudonné est remplie de promesses : nul doute qu'on devrait atteindre des sommets dans la dialectique antiraciste, déjà fort élevée. Collectionneur d'ubuismes gros et petits, déjà, j'avais relevé dans "Les Temps modernes" : "Simone Weil est une juive antisémite ne s'aimant pas elle-même étant juive" (F. Kaplan) (A moins que ce ne soit l'inverse ? Je n'ai pas relevé par écrit.)

    Nul doute que l'agrégation de philosophie de BHL va lui servir à quelque chose pour démêler tout ça et que, par précaution, il devrait déjà distribuer quelques "grilles de lecture".

    Petit conseil d'un amateur qui trouve la philologie trop sérieuse pour ne pas la laisser à des professionnels du CNRS ou à Philippe Sollers : ceux qui veulent peindre le gaillard Dieudonné autre que comme un enfant de choeur feront mieux de passer par le patronyme non moins poétique "Mbala-bala".

    "Contre le sionisme" : Dieudonné va devoir aussi dire de quelle couleur car la gamme va de l'écru au noir, jusqu'au projet laïc de colonie juive à Madagascar.

  • Sperme et Argent

    C'est sûrement d'avoir subi une autre forme de violence que la violence sexuelle proprement dite qui incite ces jeunes et jolies blondes slaves à se prostituer aussi nombreuses pour le compte de cartels occidentaux et de clients vivant dans des pays largement gangrenés par la laideur physique.

    C'est toujours par un argument qui admet la violence par quoi la prostituée se convainc elle-même de se laisser abuser par l'argent ; la violence avant, la violence autour d'elle, et toutes les autres formes de commerce qui s'apparentent à la prostitution. L'argent EST la violence. La prostituée croit que le monde ne peut pas plus se passer de l'argent que de la violence.

     

    *

     

    Je me suis longtemps dit que si j'avais des enfants, il valait mieux que je prie pour ne pas avoir de fille, afin ne pas risquer d'offrir une victime de plus en holocauste aux prêtres de Bel, qui sont partout et pour qui les êtres les plus faibles sont des proies de choix. Avant de me raviser, de connaître Simone Weil et de comprendre qu'il est plus fidèle et véritable de ne pas se laisser marcher sur les pieds par Satan et ses sbires qui, si on décide vraiment de leur faire la guerre, pourront voir l'oeuvre du temps qui est la leur se retourner contre eux avec une extrême violence, et le bruit de leurs têtes sous les talons des anges feront entendre comme un craquement.

     

    *

     

    Les féministes en réclamant des augmentations de salaire qui leur accordent un pouvoir équivalent à ceux des hommes, où on ne combattant pas la prostitution à l'échelle industrielle sous prétexte que beaucoup de femmes profitent de ses retombées, mettent plutôt la violence dans le sexe et le sperme que dans l'argent. C'est à peu près du niveau de réflexion des ligues de vertu puritaines yankies ou boutinistes.

    L'intolérance des catholiques et des communistes vis-à-vis des prostituées vient de l'Apocalypse de Jean, fils du Tonnerre, qui voulut, impatient, le lancer contre Capharnaüm et que Jésus, d'abord, retint.

     

     

  • Sexe et capitalisme

    Les publicités pour convaincre les jeunes gens rétifs à l'usage de la capote de l'adopter font penser à la position "du missionnaire". Pas seulement parce que les pouvoirs publics prêchent là une sexualité hygiénique "comme il faut", mais bien parce qu'on retrouve dans la morale laïque l'obsession jadis cléricale de réglementer jusque les "rapports" sexuels en détail.

    D'ailleurs on ne se contente pas de reprocher à Christine Boutin ses préceptes, on lui en oppose d'autres qui ne sont pas moins contraignants. Mgr Onfray ne se contente pas de dire : "Baisez comme vous l'entendez !" : non, ça c'est plutôt le professeur Choron ; Mgr Onfray prétend imposer sa recette du plaisir, "l'hédonisme", comme les restaurants snobs qui donnent des noms pompeux à des plats banals.

    La sexualité apparaît désormais si dangereuse pour la santé et si menaçante pour la carrières de certaines jeunes filles, qu'elles aiment mieux repousser les premières avances nettes jusqu'à l'extrême limite de la ménopause, si ce n'est au-delà, et se font nonnes 'de facto', 'en liberté'.

     

    *

     

    Les pratiques sado-masochistes particulières importées d'Asie comme beaucoup de supplices, vantées par feu l'académicien Robbe-Grillet naguère, par "Arte" désormais entre deux films documentaires, ces pratiques évoquent même les rituels liturgiques extrêmement scrupuleux de la religion juive ou chrétienne orthodoxe, très rébarbatif une fois l'attrait pour la nouveauté dissipé. Si on m'invitait à une séance de torture sado-maso, individuelle ou collective, je redouterais de m'endormir comme devant un film de Claude Chabrol.

    En ce qui concerne le christianisme et le sexe, il paraît aberrant que ce qui est censé réitérer l'incarnation et l'érotisme ait viré carrément au rituel funèbre. Certains vont même jusqu'à parler d'ailleurs de façon typiquement laïque de "petite mort" pour définir le coït (l'idée de métempsycose n'est pas loin).

    La preuve que la sécularisation de la religion comme de la sexualité est bien un indice de "féminisation" paraît assez facile à faire. En passant par les pratiques sado-masochistes, par exemple : quelle idée de se limiter à de simples égratignures et pinçons, de vagues tirages de cheveux ridicules ? Un sadique comme Fourniret paraît plus conséquent, plus kamikaze et moins "peine-à-jouir" pusillanime. Pourquoi se limiter à un sadisme comptable à la petite semaine ? Par soucis d'économie ? d'entretien du ménage ? Qu'est-ce qui retient le tortionnaire nazi d'être plus cruel si ce n'est la crainte d'être appréhendé par un autre nazi ayant autorité sur lui ? Cette limitation ne paraît pas très logique et correspond en revanche bien à un raisonnement de consommateur douillet.

    Il n'y a pas de grand plaisir féminin, il n'y a que des petits plaisirs de femmes additionnés ; idem pour la douleur. Voilà le raisonnement binaire typiquement féminin isolé.

    *

     

    Le "matriarcat", dont Frédéric Engels croit pouvoir dire que les tribus vikings primitives l'ont connu, la religion laïque l'a d'une certaine manière "ressuscité" : l'Etat n'est en effet qu'une grosse baleine qui abuse ses enfants. Une vraie mante religieuse, soit dit en passant, si on se réfère au destin d'"hommes providentiels" qui, comme Napoléon ou Hitler, ont cru féconder cet Etat. "Pupilles de la Nation", tous les enfants de France le sont plus ou moins, et s'il vient à l'idée de leurs parents biologiques de leur inculquer des principes qui ne sont pas laïcs, l'Etat s'y oppose fermement.

    Or le matriarcat n'est ni plus pacifique ni plus juste que le patriarcat intermédiaire. Simone Weil-la rebelle est bien la seule féministe cohérente, qui désire plus de virilité, d'immédiateté, et la mort des idéologies femelles et de la morale binaire pour les deux sexes.

     

  • Les démons de Simone W.

    Toutes ces attaques contre la rebelle Simone Weil, c'est plutôt bon signe... pour elle.

    La dernière en date vient de la gazette papiste "Famille chrétienne", dont la dévotion au cinéma suffit à résumer tous les principes réels, sous le crépi blanc d'un christianisme BCBG. L'attaque de "Famille chrétienne" contre Simone Weil est d'autant plus perfide qu'elle passe par le courrier des lecteurs, stratagème journalistique transparent.

    Deux longues lettres sont publiées, développant les leitmotivs habituels, l'accusation d'hystérie et celle d'antisémitisme. L'asile ou les flics, voilà le sort que "Famille chrétienne" réserve à celle qui offrit, d'assez loin, la plus forte pensée du XXe siècle (une pensée qui comme celle de Marx est une science puisque Simone Weil a constaté l'absurdité des "travaux" scientifiques de Max Planck).

    - Hélène Mongin, de Lisieux, écrit ainsi : "(...) Ce n'est pas la tuberculose qui l'a tuée, mais son refus complet de s'alimenter, sous prétexte que les Français n'avaient pas assez à manger. Raisonnement généreusement fallacieux d'une grande anorexique qui haïssait son corps. Alors Simone Weil, un des plus grands génies de notre époque, certes... mais pas un modèle à suivre ! (...)"

    On a envie de dire à la dinde farcie de principes auteur de ces lignes qu'elle se rassure : étant donné que la principale vertu de Simone Weil fut le courage, elle ne suit absolument pas son exemple en pratiquant la diffamation en  toute impunité (du moins le croit-elle).

    L'anorexie !? C'est quand même un comble de coller cette maladie typiquement capitaliste à Simone Weil, qui dégueula à peu près tous les principes libéraux, capitalistes ou jansénistes ; alors qu'on peut trouver du sado-masochisme dans la littérature de nombreux saints ou philosophes chrétiens, y compris chez Benoît XVI dont le désir exprimé de "purgatoire" est pour le moins bizarre, Simone Weil n'a jamais fait l'éloge de l'autoflagellation ; bien au contraire, puisque sa théologie se rapproche de l'antimonachisme occitan, voire de Rabelais, admirateur comme Simone du naturalisme grec abandonné par l'Eglise catholique au profit de la science-fiction.

    Le frère de Simone Weil a témoigné que la maladie seule a causé le décès de sa soeur. Vu qu'elle écrit de Lisieux, on peut subodorer que cette Hélène Mongin est une bonne soeur jalouse de la concurrence que Simone Weil pourrait faire à l'extrême platitude de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.

    On déduit aussi hâtivement du fait que Simone Weil ne s'est pas mariée qu'elle n'aimait pas son corps. Déduction téléologique qui ne tient pas compte du fait que le mariage est sans doute une des institutions les moins érotiques qui soit. Les "théologiens" chrétiens du mariage sont d'ailleurs en général des abrutis complets (on peut citer par exemple dans ce cas le père de l'écrivain belge François Weyergans.)

    (Précisons en outre qu'il n'y a pas de "génie" chrétien, contrairement à ce que le pédérastique Chateaubriand tente de faire croire ; il n'y a que des suppôts de Satan. Et le catholicisme est l'ennemi du temps et de l'époque, en aucun cas il n'a vocation à l'accompagner servilement comme un magazine télé.)

    - L'autre lettre est signée Joël Losfeld, indisposé par les diatribes de Simone Weil contre le peuple juif (de l'Ancien Testament). Cet énergumène prétend faire d'Etty Hillesum et Edith Stein deux saintes plus grandes que Simone Weil. Primo, il se trouve que ladite Etty Hillesum fait l'apologie du crime d'avortement dans son "Journal". Deuxio, Edith Stein a grenouillé dans la philosophie de Husserl, qui est un des plus sinistres idolâtres du temps, dans le sillage de Hegel, que le terreau judéo-boche ait jamais engendré. Même si l'accusation lancée à saint Paul d'avoir dérobé aux Juifs leur religion (!) n'est pas imputable à Edith Stein elle-même, mais à l'écrivaillon putassier Yann Moix, biographe d'Edith Stein, cette dernière n'excède pas le niveau de la bigoterie hystérique.

    Ce J. Losfeld exprime d'ailleurs lui-même dans sa bafouille des opinions parfaitement ésotériques sur la religion catholique, dignes seulement d'un abonné à ce "Télé-poche" prétendument chrétien qu'est "Famille chrétienne".

    La chiantissime revue "Les Temps modernes" de Claude Lanzman, dont la ligne consiste à tenter de faire passer les principes les plus archaïques pour des principes modernes, avant "Famille chrétienne" a fait à Simone W. le même procès (fleuve) en antisémitisme. Instruit par un guignol yanki nommé Francis Kaplan, l'instruction s'achevait sur une sentence raciste, puisque l'acquittement de Simone Weil en raison de ses origines juives était prononcé. Un gag.

    - Un troisième courrier est publié qui fait cette fois l'éloge du philosophe Henri Bergson. Qu'il fut baptisé ou non, jamais Bergson n'épousa comme Simone Weil une pensée catholique. L'évolutionnisme de Bergson, emprunté à Spencer et Huxley, non seulement est hérétique au regard du catholicisme, mais cet évolutionnisme discrédite l'ensemble des spéculations philosophiques de Bergson, puisque la théorie de Darwin n'est plus défendue que par des fonctionnaires et ne subsiste plus qu'à l'état de dogme. Tout au plus le mérite de Bergson est-il de souligner le déterminisme "protestant" qui sous-tend l'évolutionnisme. La part de hasard que contient l'idéologie évolutionniste, inacceptable sur le plan du raisonnement scientifique, cet aléa vient de la religion dite "judéo-chrétienne" ou "protestante", "puritaine".

    Par ailleurs, les critiques que Bergson adresse au scepticisme de Descartes ne sont pas moins ineptes que celles de Voltaire auparavant. Bergson n'a pas mieux compris que l'algèbre de Descartes ou B. Pascal vient d'une fiction... fiction que Bergson entretient lui-même, un comble, sous prétexte de combattre Descartes (!). Si les sophismes de H. Bergson sont plus brillants que ceux du crétin Albert Einstein, ils n'en sont pas moins de vains sophismes.

    Ce lecteur distrait ignore du reste qu'une bonne partie de la communauté juive est remontée contre Bergson tout autant que contre Simone Weil dans la mesure où Bergson a écrit (comme Churchill) que certains Juifs, par leur comportement, ont excité les persécutions du régime allemand et de Vichy. Propos qui, contrairement à la lecture dialectique de Simone Weil de l'Ancien et du Nouveau Testament, n'a pas de consistance historique et ressemble fort à une affirmation gratuite.

  • La Peur

    Une énième "Journée de la femme" et toujours rien n'est proposé contre cette peur panique qu'éprouvent les femmes à la vue de la Vérité et qui nous tire vers le bas.

    Pire, la femelle Nitche ou la femelle Kierkegaard, insupportables tapettes misogynes, sont citées en exemple dans les journaux. Et quand une femme, Simone Weil, pour une fois n'est pas enracinée dans la glèbe mais s'efforce de monter au Ciel, on en fait une "féministe", on lui colle bêtement un sexe de femme sur la figure.

    S'il y a bien un symbole du progrès inquiétant du féminisme, c'est le journaliste Zemmour du Service Public de propagande télévisée qui fait son miel de cette idéologie.

  • Signes sataniques du temps

    Il faut dire que l'attaque grossière de Prieur et Mordillat contre l'apocalypse est relayée à l'intérieur de l'Eglise elle-même, de façon plus subtile.

    La bouffonnerie de Prieur et Mordillat, qui consiste à prétendre que l'Apocalypse n'est qu'un pamphlet, alors même que la vision de saint Jean est animée par des phases qui correspondent à la vie du Messie lui-même, cette bouffonnerie n'est que la partie émergée d'un iceberg plus gros.

    J'en veux pour preuve la réponse du Père Alain Bandelier à la question posée par une de ses ouailles dans le magazine "Famille chrétienne" (21-27 fév. 2009 - magazine dont l'intérêt est de refléter la doctrine officielle actuelle du Saint-Siège, qualifiée parfois de "judéo-chrétienne").

    Question : "Que faire pour que le Seigneur revienne enfin dans la gloire et mette ainsi un terme aux horribles souffrances que subissent les hommes de siècle en siècle ?"

    Réponse : "(...) Même les chrétiens ont régulièrement la tentation de "décrocher" de leur espérance théologale pour s'accrocher à un rêve : le retour du Christ sur terre. C'est l'hérésie du millénarisme, selon laquelle Jésus viendrait régner mille ans ici-bas - alors qu'il a clairement dit que son royaume n'était pas de ce monde. (...)"

    Abracadabrante réponse ! A une question, qui, de toute évidence, traduit une soif d'apocalypse ; le genre de question qui risque d'être réitérée au Père Bandelier vu l'effroi dans lequel le monde est en train de plonger.

    D'abord, contre Bandelier, il convient de rappeler le texte de la vision de saint Jean à Patmos, vision qui contient toute l'Histoire :

    "Puis je vis des trônes, où s'assirent des personnes à qui le pouvoir de juger fut donné, et JE VIS les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et ceux qui n'avaient point adoré la bête ni son image, et qui n'avaient pas reçu sa marque sur leur front et sur leur main. Ils eurent la vie, et régnèrent avec le Christ pendant mille ans. Mais les autres morts n'eurent point la vie, jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés. - C'est la première résurrection ! - Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection ! La seconde mort n'a point de pouvoir sur eux ; ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils règneront avec lui pendant mille ans." Ap. XX, 6.

    Ensuite quelques explications : dans sa réponse, le Père Bandelier tente d'assimiler le "monde" au monde PHYSIQUE, autrement dit à la "Nature", autant qu'on puisse interpréter l'idée de ce clerc, qui n'a pas l'air de savoir très bien lui-même ce qu'il dit, ajoutant juste après : "Aux pharisiens qui l'interrogent sur la venue du Royaume, il répond qu'il n'est pas ici ou là, comme une chose observable ; c'est une réalité intérieure à l'Histoire" ?????? Cela ferait sourire sur les "éclaircissements" que ledit Bandelier est censé apporté à ses lecteurs, si ce clerc ne portait pas une accusation grave d'hérésie contre la théologie qualifiée de "millénariste" dont Léon Bloy et Simone Weil sont les ultimes représentants, mais qui s'appuie aussi sur Joachim de Flore, François Bacon alias Shakespeare, sans oublier François d'Assise, phalange rassemblée derrière la bannière du Saint-Esprit.

    Le "monde" dont Jésus parle n'est pas bien sûr la Nature célébrée par François d'Assise mais ce que Shakespeare appelle "le temps", représentés dans le Nouveau Testament par les Pharisiens et Ponce-Pilate, autorités religieuse et politique liguées contre le Messie et son message. Nul besoin d'avoir fait sept ans de séminaire pour savoir le sens d'une "mondanité".

    Venant d'un clerc dont la gazette, "Famille chrétienne", n'hésite pas à substituer la télévision à la vision véritable, une gazette appliquée à sceller le pacte entre l'Eglise et le Siècle en présentant le capitalisme comme une fatalité, le darwinisme comme la seule façon possible de concevoir le progrès, une gazette où l'on ose se demander si les Etats-Unis ne constituent pas un modèle de "Cité de Dieu" (!), Etats-Unis dont le satanisme transpire de partout, dont la gazette n'hésite pas à présenter la soldatesque française au service des cartels du pétrole comme un détachement de croisés, venant de ce Bandelier, l'accusation d'hérésie, assurément, ne manque pas de culot ! Pour ne pas dire de calotte.

  • Journaliste et chrétien ?

    Peut-on être journaliste et chrétien en même temps ? En dehors de la conjoncture même, de la mainmise de l'industrie sur les médias qui l'interdit pratiquement aujourd'hui, force est de constater que c'est un métier incompatible avec le combat aux côtés du Saint-Esprit, combat qui est l'essence du catholicisme, essence bien comprise par Simone Weil qui, Dieu merci, est vierge ou presque de tout "journalisme".

    Cette "somme de journalisme" qu'est Jacques Julliard, observateur obstrué, peut bien essayer de démontrer le contraire, il n'y a qu'un imbécile pour ne pas voir que Simone Weil n'aurait pas "tenu" trois jours dans une "rédaction" au milieu des scribes, qu'elle aurait été virée sur le champ pour excès de pertinence. La vie de Simone Weil elle-même constitue une purge de l'esprit journalistique qui plane sur nos têtes, tel un gaz asphyxiant : gaz hilarant lorsque Obama est élu, gaz irritant lorsque un type inconnu, Williamson dit... dit quoi, au fait ?

    L'actualité est au coeur du métier de journaliste, et l'actualité est synonyme de ce que Shakespeare appelle "temps", ou que d'autres théologiens appellent "le monde". Autrement dit le territoire de Satan, où la Bête de la terre a toute-puissance. (Parlez du diable à un journaliste démocrate-chrétien, il vous regardera avec des yeux de merlan frit ; parlez-en avec un enfant, il pigera tout de suite où vous voulez en venir, ce d'autant plus que les symboles sataniques ont envahi les jeux et les distractions des enfants, passés de la culture populaire yankie à la culture populaire française au cours des dernières décades, avec la complicité du clergé*.)

    *

    Il y a une tentative importante et célèbre de "journalisme chrétien", c'est l'"Univers" de Louis Veuillot (1813-1883), polémiste catholique souvent imité depuis, rarement égalé, et dont l'organe eût une puissance équivalente à celle d'une chaîne de télévision aujourd'hui.

    Quoi que l'attitude bienveillante du pape Pie X à l'égard de Louis Veuillot puisse laisser conclure, l'entreprise de Louis Veuillot s'est globalement soldée par un échec. L'Histoire donne raison à Léon Bloy, plus que dubitatif sur les velléités de Veuillot de propager la Charité par le moyen de la presse. Bloy permet d'ailleurs de poser le problème comme il faut. Le rapprochement entre l'"actualité" et le "temps", pour éviter précisément d'être emporté par "l'air du temps", ce qu'un journaliste laïc lui-même refuse, oblige en principe un journaliste chrétien à parler de l'actualité dans une perspective eschatologique. Hors de ce cadre, défini par Léon Bloy, le journalisme au sens chrétien est nul et non avenu. Bloy ne se contente pas là de définir un simple "cadre", il fixe un sommet élevé, car il y a bien sûr, de l'eschatologie à la critique des films qui passent à la télé comme un GOUFFRE, que même un abonné à "Famille chrétienne", "Télé-Poche" ou "La Vie" est capable de voir -ou bien c'est que "La Petite Maison dans la Prairie" fait des ravages dans les jeunes cervelles encore plus grands que ce que je crois.

    Et l'échec de Veuillot tient à cela, à ce qu'il n'a pas été à la hauteur de l'eschatologie nécessaire. Ses origines très modestes, sa formation "sur le tas", le climat insurrectionnel dans lequel Veuillot a mûri, toutes ces raisons peuvent expliquer la faiblesse de la critique de Veuillot, historique notamment. Mais ce n'est pas le problème, il ne s'agit pas de condamner les "intentions" de Veuillot mais de juger du résultat, car contrairement à ce que prétend de façon hypocrite saint Augustin, les intentions seules ne comptent pas ; le résultat a, on est bien placé pour s'en rendre compte, une importance très grande. La Bible elle-même prône contrairement à Augustin l'action et son résultat sur les bonnes intentions dont le parvis de l'Eglise est pavé.

    Une précision s'impose à propos de Veuillot et de "L'Univers" : aussi peu avisé fut celui qu'il est convenu de tenir aujourd'hui dans l'Education Nationale totalitaire pour "un méchant réactionnaire", "l'ennemi de Victor Hugo", aussi peu avisé fut-il des mobiles réels du régime de Napoléon III, Veuillot ne fit JAMAIS preuve de l'aveuglement VOLONTAIRE des démocrates-chrétiens actuels, journalistes aux "Figaro", par exemple, quant aux mobiles réels de Sarkozy et de Fillon, dont ils ne se dissimulent d'ailleurs quasiment pas.

    *

    Puisque ni Bloy ni Simone Weil ne furent "journalistes" au point d'embrasser cette profession et d'en épouser les usages,  y eût-il dans l'Histoire des journalistes "catholiques", c'est-à-dire apocalyptiques ? En dehors de Balzac, de Marx et de Engels, traqués par toutes les polices d'Europe ou presque pour cette raison, je n'en vois pas. Alphonse Allais ? Il s'est contenté de souligner l'absurdité profonde des principes républicains, ce qui n'est déjà pas mal, mais si j'en fais un journaliste "apocalyptique", on va m'accuser de "charrier", alors que j'essaie d'être juste. Villiers de l'Isle-Adam, en revanche, entre dans le cadre, compte tenu de la forme très spéciale de journalisme qu'il pratique. Et j'ajoute Daumier, pour sa façon de peindre le clergé laïc, avocats, magistrats et députés, sous les traits de pharisiens déchaînés, vision assurément apocalyptique.

    Balzac, Marx, Engels, Villiers, Daumier... disons une petite phalange ; maigre recensement.

    *Sur la complicité du clergé dans le satanisme, accusation très grave, je reviendrai ultérieurement comme il se doit, à partir de l'exemple de Jean Guitton.

  • Pourquoi Simone Weil encore

    Simone Weil, si elle n'est pas solide comme Marx, plus isolée encore qu'il n'était, n'en est pas moins, l'air de ne pas y toucher, la plus grande philosophe du XXe siècle (quoi qu'elle eût sans doute trouvé ce titre un peu 'pompier').

    Peu académique, elle est en butte encore aujourd'hui à la jalousie et la méfiance des universitaires, dont elle dénonce l'emphase et la vacuité, tout simplement, par son style direct. Car elle prêche la croisade aux ENFANTS, ceux-là qui ne sont pas encore résignés à mourir, non  pas aux vieillards occupés à peaufiner déjà leur plaidoirie, le genre Guitton. Aucun doute que si la théologie de la LIBERATION cherche un soldat, Simone Weil est là.

    Contre Simone aussi, les médisances des journalistes, rompus dans le régime totalitaire à étouffer les scandales et faire diversion. Pour donner une idée, si Simone Weil donnait des intervious aujourd'hui, à la presse ou à la télé, les impertinences de Mgr Williamson paraîtraient bien bénignes à côté, tant Simone diffère du type du lèche-cul actuel, prédestiné à servir dans les médias de porte-parole aux entreprises les plus crapuleuses.

    Sous couvert de lui rendre hommage, la presse s'efforce de rabaisser Simone au niveau d'Hannah Arendt, truite d'élevage germanique pour sa part, qui n'a semble-t-il inventé ce vieux truc éculé de la 'banalité du mal' que pour mieux exonérer son ex-amant, Herr Professor Heidegger, baderne philosophique ridicule, de s'être mêlé de doter le national-socialisme d'une philosophie, au lieu de monter la garde dans un mirador, à quoi on l'aurait vraisemblablement assigné s'il avait été moins frileux. Comme si Hitler était assez con pour vouloir doter le nazisme d'une philosophie et pour prêter attention à un tel cacouac !? A force de prêter tous les défauts de la terre à Hitler, la ruse et la folie simultanément, on frise la caricature historique. Chaplin, qui montre Hitler en chef d'orchestre, révèle au moins un aspect du totalitarisme : son tribalisme sophistiqué, qui ne va pas sans escorte musicale. Pour les autres satires, elles en disent plus long sur le système actuel que sur le nazisme et ses chefs de service irresponsables.

    Donc, si toute cette glu philosophique qu'on subit aujourd'hui, tous les Luc Ferry, les BHL, les Onfray, les post-nitchéens, les antékantiens, les rétro-kierkegardiens, emprunte bien plus ou moins à Arendt et Heidegger cette façon de mieux jeter de la poudre aux yeux des béotiens en s'enflant de formules amphigouriques (Sartre ne prend pas vraiment tout ce cirque existentialiste au sérieux et publie même à la suite de 'L'Existentialisme est un humanisme', désinvolture amusante, quelques pages d'un confrère qui démonte efficacement le système algébrique existentialiste, et renforce ainsi la comparaison qui s'impose entre l'existentialisme et ces meubles en kit importés de Suède, laids comme l'infini.) MAIS Simone Weil, elle, en revanche, DIT quelque chose et ne se contente pas de jouer aux ricochets dans la mare de Pythagore pendant qu'aux quatre coins du monde continuent de crever les esclaves du Capital, bercés par les 'Droits de l'Homme'.

    *

    Maintenant trois motifs qui font que Simone Weil s'élève au-dessus du siècle de l'électricité et du gaz :

    1/ Son antisémitisme, que la presse officielle s'efforce de faire passer, tantôt pour une faute de goût, tantôt pour une tare génétique - quand ce n'est pas le gugusse yanki Francis Kaplan, qui se perd en erratiques et sinueuses explications sur la Bible dans 'Les Temps modernes' pour tenter tant bien que mal de discréditer Simone aux yeux d'un public déjà rallié à son étrange cause.

    L'antisémitisme de Simone Weil n'est pas un antisémitisme idiot, la marque d'un monopole sur un bien dont elle voudrait priver son prochain, idiotie qu'on retrouve plus aujourd'hui dans l'antiracisme aujourd'hui, badigeon pratique, comme on l'a vu avec Obama, sur les entreprises capitalistes les plus douteuses.

    Non, l'intérêt de l'antisémitisme de Simone Weil est qu'il vise l'Eglise catholique plus encore que la diaspora juive, dont Simone Weil n'est ni spécialement solidaire (d'où les griefs de cette diaspora à son égard), pas plus qu'elle n'est son ennemie.

    L'anticléricalisme de Simone Weil n'est pas très éloigné de celui de François Bacon, alias Shakespeare, théologien lui aussi armé contre la Synagogue de Satan et qui refuse que le christianisme soit changé en une religion de bonnes femmes, devienne 'la religion de Marthe' (ce qu'elle est devenue 'urbis et orbis'). Shakespeare comme Simone Weil est sous-tendu par cette idée forte que la vie de Jésus est secouée par des phases comparables aux phases de l'Apocalypse, vision historique de saint Jean, et qu'il est donc logique, au cours du règne de la Bête de la terre, de connaître un regain du pharisaïsme.

    *

    2/ Comme Drieu La Rochelle, Hitler, Gombrovitch, Etienne Gilson, Milosz, Simone a deviné la convergence d’esprit entre Marx et la théologie catholique de la Renaissance. Gombrovitch dit ceci, de façon involontairement cocasse, que les communistes et les catholiques partagent la même façon concrète de penser, à ce détail près que les catholiques croient en Dieu (ce qui aux yeux de l'existentialiste Gombro n'est pas très réaliste -en dehors de leurs petits miroirs et donc du langage, rien n'apparaît comme étant bien réel aux 'existentialistes').

    De manière plus précise, on peut dire en effet que le christianisme authentique de François Bacon, par exemple, comme la science de Marx et Engels, sont tout deux radicalement opposés au puissant courant de la Réforme -luthéranisme, puritanisme, jansénisme et anglicanisme au premier chef-, qui, dès le XVIIe siècle, va transformer la théologie peu à peu jusqu'à en faire un outil entièrement au service de César, tour sinistre de l'Histoire, et dont l'ultime produit est cette rhétorique inconsistante, qui se mord la queue, et qu'on appelle 'libéralisme', qui se résout dans la justification des crimes de l'appareil d'Etat par le Capital, puis dans la justification des crimes du Capital par l'appareil d'Etat, à tour de rôle.

    Non que le 'césarisme' naisse à proprement parler au XVIIe siècle ; on en trouve déjà les traces dans les thèses d'Augustin d'Hippone, et dès les premières Eglises, mais le 'césarisme' balaye au XVIIe siècle presque tout le reste. Le dogme prend devient algébrique, statique, et perd son dynamisme.

    Qu'on songe par exemple à l'isolement de Léon Bloy au XIXe siècle, le mépris glacial du clergé face aux velléités viriles du Lion de Montmartre de restaurer le catholicisme de Joachim de Flore, la charité de François d'Assise ? ça paraît incongru ; l'heure est plutôt aux parodies d'architecture néo-baroques, aux contes sado-masochistes de la Comtesse de Ségur, à la compromission avec les spéculations sur la Nature les plus fumeuses, etc.

    Le combat de Marx et Simone Weil contre le totalitarisme, postérieur au XVIIe siècle, renvoie à un combat similaire antérieur au XVIIe siècle, celui des Albigeois, réprimés dans le sang par Bernard de Clairvaux, par exemple ; ou encore le combat d'Hamlet, transposition par François Bacon pour le grand public de ses préoccupations scientifiques les plus graves. Le progrès, en termes marxistes, s'apprécie au regard de la nature, plus ou moins rongée par le cancer, et non pas au regard du langage, dans un repère algébrique orthonormé, comme le progrès laïc ou capitaliste, stupide idéologie, au niveau du nombril, d'accumulation du Néant au Néant.

    L'idée forte partagée aussi bien par Marx que Simone Weil, Balzac, François Bacon ou même Rabelais, cette idée que la science n'est pas un colloque mais un bien commun à l'humanité, que la Nature est un livre ouvert, cette idée forte implique de voir dans la science cabalistique, néo-pythagoricienne, la 'science dure' comme elle se qualifie parfois elle-même, pour mieux dissimuler son absence totale d'érection, cette idée implique de voir dans tout ce fatras ésotérique, qui sert souvent de justification, comme Darwin, aux entreprises les plus criminelles, un véritable 'hold up', un facteur d'anarchie dantesque, une arme terrible entre les mains de César.

    *

    3/ Après l'élévation historique de Simone Weil par-dessus le moralisme de crétins comme Nitche ou Sartre, produits dérivés d'un christianisme entré en putréfaction au XVIIe siècle, il convient de signaler ce détail qui a son importance, à savoir que Simone Weil a vu clair à travers le jeu de l'empirisme, celui des nullibistes Descartes, Huygens, Newton, avant Laplace et les polytechniciens. Si, à ma connaissance, elle n'a pas pointé du doigt le caractère satanique de l'empirisme, qui transpire de tous les côtés, c'est peut-être par égard pour son propre frère, André, lui-même gravement compromis avec son groupe 'Bourbaki', dans l'entreprise démoniaque de la science dite 'empirique', immense fiasco, relégation de la métaphysique et de l'astronomie au rang de la balistique et des probabilités.

    Est-il besoin de rappeler le nombre de pseudo-savants qui se sont vu décerner des prix Nobel et qui sont gravement compromis dans la faillite d'une économie qui s'inspire des règles du 'black-jack', de la tontine et du bonneteau ? Faut-il rappeler que ces procédés inventés pour ventiler l'excédent énorme de crédit, exactement comme un gangster va jouer à Monte-Carlo les millions qu'il a dérobés ? Et que derrière ces jeux cyniques il y a des affamés et des morts, pas seulement des chômeurs en France ? C'est inutile. La Sorbonne fait régner l'omerta, mais personne n'est vraiment dupe.

    Cet extrait du colloque de Catherine Chevalley à l’université Columbia (nov. 1999) témoigne de la lucidité de Simone Weil : "La science ressemble à l’empereur du conte d’Andersen ; les quanta d’énergie sont contraires à la raison." "Artificielle, vide de pensée, décapitée, algébrique, dénuée de sens, plate, nue, irrationnelle : voilà, si l’on se fonde sur ces passages, ce qu’est devenue la physique au XXe siècle aux yeux de Simone Weil" : le commentaire est de Catherine Chevalley, qui tient bien sûr à se démarquer personnellement de la condamnation sans appel de Simone Weil, pour qui la crise totalitaire de la science est plus grave que celle que la Grèce connut au Ve siècle av. J.-C !

    Cette Chevalley possède assez d'instinct pour s'en tenir au rôle du présentoir et entendre que ce jugement contient une condamnation  de l'Université dans son ensemble, pas seulement une condamnation de Planck ou Helmoltz, tous les jongleurs dans le genre de Riemann ou Feynman, Einstein, Poincaré (la liste est longue : autant de postes de fonctionnaires à pourvoir, autant d'imposteurs).

    Simone bouscule dans son dessein toute la science historique aussi, comme Marx, toute l'épistémologie et les mathématiques laïques. Le véritable Néant, le véritable trou noir, Simone en esquisse le pourtour. La bourgeoisie tour à tour mondaine ou dévote, confite même en religion laïque, c'est Don Juan, et le trou noir l'entrée circulaire de l'entonnoir où elle bascule, avec sa poussière.
    Ce coup de toise 'révisionniste' dans la fourmilière est largement suffisant pour que la racaille démocrate-chrétienne, juive, laïque, cartésienne, s'efforce de faire passer Simone Weil pour une folle hystérique dans le genre de Thérèse d'Avila.

    *

    Pour enfoncer le glaive dans l'oeil du cyclope, décapiter avec plus d'efficacité tous ces vieillards planqués derrière les murailles de Troie, les prêtres de Bel, il convient d'appuyer la charge de Simone Weil, Marx et Engels, par la profession de foi d'Hamlet dans la stabilité de la terre, au centre du monde. Il faut viser l'empyrée de la vague de spéculations et de musique. Avant Descartes et Newton, le premier dérapage, la première victoire du Temps, monté sur le cheval clair, vient des spéculations de Kopernik et Galilée, crabes sournois, arrivistes sans scrupules, appuyé pour ce dernier par un barbarin simplet, pape sous le nom d'Urbain VIII (!). Idem pour Kepler, qui manie l'ellipse avec une habileté diabolique, comme Blaise Pascal.

    C'est là une première victoire de la mort sur la vie que la prétendue 'révolution copernicienne', mobilisation générale en vérité, et qui marque le basculement d'une religion apocalyptique vers une religion de la 'bonne mort', coup de maître de la part de Satan sous son masque de porteur de Lumière.

    Contrairement aux autorités religieuses démocrates-chrétiennes ou laïques, les croyants sincères ne doivent pas se laisser posséder par tout ce cinéma, cette science-fiction. Car à la fin du temps, c'est Polonius et Claudius qui crèvent, et Ophélie, Guildenstern et Rosencrantz. Hamlet, lui, rejoint directement les étoiles de la Voie Lactée.

  • Signes sataniques du Temps

    Convoqué avant le Père Fessard dans l'article de Milosz (in : 'Simone Weil, etc.', Bayard 2009) le prof. Leszek Kolakowski fut viré de l'université communiste de Varsovie en 1968 : 'L. Kolakowski (...) déclare carrément que toutes les structures de la pensée moderne, y compris celles de la philosophie marxiste, ont été élaborées au Moyen âge par des théologiens et qu'un observateur attentif peut retrouver sous leur nouvelle vêture sémantique, la trace de ces anciennes querelles ; et ainsi, par exemple, il montre que les marxistes discutent de l'histoire en termes de théodicée - la justification de Dieu.'

    Le médiéviste Etienne Gilson note de son côté l'emprunt de Hegel à Bernard de Clairvaux.

    Ce qui est remarquable et complète le tableau, c'est la dérive du régime communiste, comme le renvoi de Kolakowski l'atteste, vers un dogmatisme et une sclérose qui furent ceux de l'Eglise catholique elle-même auparavant. Extra-lucide contrairement à Trotski, Lénine a même comparé son successeur Staline à Louis XIV, despote 'janséniste' (la doctrine libérale jaillit de l'ignorance janséniste au XVIIe sicècle).

    Marx savait certainement, au contraire d'un helléniste inepte tel qu'Heidegger, que sa critique radicale de la philosophie de Hegel n'était pas sans rappeler la critique de Platon par Aristote. Mais la critique de Hegel par Marx renvoit aussi à la critique de saint Augustin et de la philosophie de Plotin par la scolastique médiévale et l'humanisme de la Renaissance.

    Il convient d'ailleurs de rectifier Kolakowski ou de le préciser sur un point qui n'est pas négligeable. C'est Hegel et non Marx qui discute l'histoire en termes de théodicée. C'est même un trait typique de l'idéologie allemande, qui fascine Voltaire en même temps qu'il s'en moque. Marx comme la Renaissance occitane voit l'histoire en termes d''Iliade' et d''Odyssée' : tout au contraire un combat à mort contre le Léviathan et un Voyage au bout du royaume de Neptune.

    C'est ce qui rend Marx et Engels 'apocalyptiques' comme Paul et Jean, tandis qu'Hegel est encerclé derrière les murs de Troie. On peut prendre les démons acharnés à la perte d'Ulysse dans l''Odyssée' pour des préfigurations de Satan et ses ruses, des sirènes à Polyphème, Charybde et Sylla... Les mille ruses d'Ulysse lui servent à déjouer les mille pièges de la Bête. Mais ces démons et leurs suppôts préfigurent également, ce n'est pas un hasard, la caractérisation du mensonge et de la bourgeoisie par Karl Marx. Saint Paul a rendu hommage aux Grecs pour avoir bâti un Temple 'au Dieu inconnu'. On constate qu'ils possédaient aussi une démonologie élaborée.

    On est très loin de la docte ignorance de rhéteurs laïcs comme Nitche et Freud, femelles impuissantes qui ramènent la tragédie grecque à la dimension étriquée d'un drame bourgeois ou d'un opéra italo-boche.

  • Déphilosopher

    Substitut aux niaiseries de Laure Adler sur Simone Weil, ou encore celles de la nièce de Simone, Sylvie Weil, on lira avec plus de profit Venceslas (?) Milosz. Dans un ouvrage collectif au titre cucul-la praline 'Simone Weil, Sagesse et Grâce violente' (Bayard, 2009), titre à peine moins janséniste que celui trouvé par G. Thibon ('La Pesanteur et la Grâce').

    On sait gré à Milosz de laisser de côté le registre des pleurnicheries sentimentales et du 'devoir de mémoire' étranger à Simone.

    Evocation du Père Fessard par Milosz en ces termes afin d'entrer dans le vif du sujet : 'Au moins un théologien, le Père Fessard, affirme que c'est là que réside la fondamentale faiblesse intellectuelle des penseurs chrétiens modernes : dès qu'ils abordent les problèmes historiques, ils adoptent le point de vue d'une philosophie qui leur est étrangère -consciemment ou inconsciemment-, ils deviennent hégéliens ou marxistes.'

    De fait c'est exactement l'impasse dans laquelle Joseph Ratzinger se trouve. Prié par untel de s'approprier la philosophie de Hegel, il est trop allemand pour ignorer que le régime nazi fournit une des meilleures illustrations après le régime napoléonien de la philosophie juridique et esthétique de Hegel.

    Pas vraiment étonnant qu'Hegel soit plus lu en France qu'en Allemagne, où il est d'usage de faire croire à une rupture profonde avec le passé récent. D'autre part, J. Ratzinger est hélas aussi beaucoup trop allemand pour se réclamer de Marx, comme l'archevêque de Munich Reinhard Marx vient de le faire, ou le dalaï lama.

    'Cette faiblesse reflète en fait une lacune de la doctrine thomiste. Chez saint Thomas d'Aquin, affirme le Père Fessard, il n'y a pas la moindre amorce de perception de la dimension historique ; seuls l'intéressaient l'ordre de la raison, et l'ordre de la nature.'

    Dans cette direction en revanche, il est impossible de suivre le Père Fessard. D'abord parce que si l'accent est mis plus nettement chez Hegel et Marx sur l'histoire qu'il n'est mis chez Thomas d'Aquin, les trois possèdent en commun d'emprunter à Aristote son dynamisme scientifique.

    Il serait faux de croire par exemple que pour Marx et Engels le progrès n'est pas d'abord artistique, comme pour Thomas d'Aquin. Si Thomas d'Aquin n'insiste pas autant sur l'histoire, c'est que cela va de soi pour un chrétien. La Bible est essentiellement apocalyptique ; or l'apocalypse, c'est l'Histoire. L'apocalypse est dialectique, et c'est la science qui pour Marx est le moteur du progrès.

    En second lieu, le Père Fessard n'a pas l'air de se rendre compte que la scolastique a été abandonnée par l'Eglise depuis longtemps, et saint Augustin replacé par les catholiques sur le piédestal d'où le moyen-âge et la Renaissance l'avaient descendu, cela pour une très mauvaise raison, ce qu'on a qualifié de 'révolution copernicienne', clef de voûte de la nouvelle religion laïque et qui rend la théologie des meilleurs scolastiques, Roger Bacon, Thomas d'Aquin ou Duns Scot, inutilisable.

  • La vraie Simone

    Mon entêtement à défendre Simone Weil n'est rien à côté de l'insistance de la presse officielle à faire de cette rebelle une bonne soeur laïque ou une féministe BCBG, comme son homonyme entrée à l'Académie.

    La clef pour comprendre Simone Weil, c'est bien son antisémitisme, proche de celui de Balzac, Bloy ou Bernanos. Cet antisémitisme va de pair avec une certaine forme de misogynie. Rien d'incohérent avec le fait que Simone Weil soit elle-même une femme d'origine juive puisque sa pensée n'est pas génétique mais révolutionnaire. Nitche a beau avoir des couilles, il n'en est pas moins une femelle avide de Sécurité Sociale, de lois, de préservatifs, de codes civils ou policiers, d'empirisme... 

    Il est logique qu'une femme moderne éprise de Vérité comme Simone Weil trouve sur sa route à la fois des juifs, des féministes et des pasteurs protestants. Comment se fait-il que les féministes se retrouvent elles aussi parmi le petit personnel en uniforme du Léviathan laïc ? C'est qu'elles savent qu'elles doivent leur émancipation à la loi laïque et au Capital.

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Fast-food

    Plus banal que le mal encore, il y a le prof de philo emmerdant. Et dans le genre, Heidegger et sa suivante Jeanne Arendt sont quasi-imbattables, sauf peut-être Derrida. C'est comme à la cantine, on sert ce qu'il y a de plus insipide pour satisfaire un maximum de clients. Et vous prendrez bien une ration de 'dasein' supplémentaire, M'sieurs-dames ? Une louche de 'banalité du mal' en plus ?

    Sans compter que la 'banalité du mal' -tu parles d'un scoop !- d'Arendt, tous ces baveux diplômés de Sciences-po n'hésitent pas à l'accommoder avec la démonologie nazie. Le mal est banal, en somme, sauf quand il est extraordinaire. Probable que Jeanne Arendt voulait seulement disculper son patron Heidegger du crime d'intelligence avec le diable avec ce truc de la 'banalité du mal'. Sans le savoir, elle a disculpé tous les démocrates-chrétiens et tous les laïcs.

    Une seule chose disculpe en réalité Heidegger ou Jünger, ce genre de crétin ultime, par rapport à Céline ou même Le Pen : ce sont des bourgeois. S'ils ont gaffé, c'est par hasard, jamais ils n'ont eu l'intention de dire quelque chose qui déborde cette fameuse banalité, quelque chose qui compromette leur fameuse carrière universitaire.

    Certes il faut être mal intentionné pour confondre Jeanne Arendt et Simone Weil comme font la presse spécialisée et la dinde en cuissardes Laure Adler.

    Rétablissons cette vérité que Simone Weil a hésité à se convertir au catholicisme uniquement parce que l'Eglise catholique lui est apparue comme une sorte de synagogue de Satan peuplée de Pharisiens.

    Le crétin agricole Gustave Thibon n'a pas hésité non plus avant Laure Adler à donner à un recueil de textes de Simone Weil un titre qui pue le jansénisme à dix kilomètres à la ronde : "La Pesanteur et la Grâce", alors que Simone Weil n'a rien de l'épouse bien rangée d'un pasteur anglican ou luthérien. Non, elle se rapprocherait même par son mépris pour la bourgeoisie gaulliste et son intérêt pour les prostituées, son tempérament sincère, un amour à mes yeux un peu excessif de la France, sans compter son antisémitisme, de Drieu La Rochelle.

     

  • Catholicisme athée

    Les athées ont souvent la prétention de connaître la religion catholique mieux que les catholiques eux-mêmes. Quand ils ne prétendent pas carrément être les mieux placés pour la réformer. Ainsi le décès de Soeur Emmanuelle fut l'occasion récemment pour Bernard Kouchner de suggérer qu'on ordonne enfin des femmes prêtres dans l'Eglise catholique. Où Kouchner veut-il en venir en tant qu'athée ? Veut-il que l'Eglise se porte le mieux possible ou bien que cette vieille institution expire enfin ?

    Dans la biographie de Simone Weil (l'étudiante, pas l'académicienne) où Laure Adler s'efforce page après page, chapitre après chapitre de changer Simone Weil en une sorte de carpette sociale-démocrate ou gaulliste, je relève ceci :

    "Simone Weil, si éprise de vérité, alla jusqu'à affirmer que le Nouveau Testament ne découlait pas de l'Ancien, que le christianisme n'était pas issu du judaïsme et que le Christ n'était pas juif."

    Sortie de son contexte, on peut faire dire le contraire à une citation qu'il faut ici comprendre comme : "Bien qu'elle fût éprise de vérité, etc." ; à savoir que Simone Weil qui s'efforçait de ne pas dire n'importe quoi en général, sur le plan théologique n'avait pas la chance de disposer d'informations de première main comme Laure Adler, qui, bonne fille, ne lui en veut pas de se tromper sur la religion catholique.

    Même si c'est une opinion à la mode de croire que saint Paul a dérobé aux Juifs leur religion, opinion qui ne manque pas de rencontrer l'approbation des animateurs de télévision lorsqu'elle y est émise par quelque crétin improvisé historien, il semble que la vérité soit plus conforme au propos de Simone Weil et que les docteurs de la loi et les scribes juifs n'aient eux-mêmes pas jugé les paraboles de Jésus très orthodoxes, au point d'exiger de Pilate qu'il crucifie Jésus, épisode resté assez célèbre dans l'histoire.

    Evidemment ça dépend aussi un peu de comment on entend 'découler', si c'est 'de source' ou 'de sang'.

    La dernière affirmation selon laquelle Jésus n'était pas juif peut surprendre celui qui entend 'juif' au sens racial ou familial, mais s'intéressant aux religions c'est au plan religieux que Simone Weil se situe. Jésus n'est pas juif au sens où il ne respecte pas le repos du sabbat.

    Les faits prouvent au contraire des poncifs débiles de Laure Adler que Simone Weil fut particulièrement lucide sur la religion catholique qui n'était pas d'abord la sienne, étant d'un milieu bourgeois 'voltairien' ou 'pascalien' comme Sartre. Elle avait vu qu'il avait tourné contre-nature au jansénisme, au libéralisme, qu'on appelle encore aujourd'hui judéo-christianisme, c'est-à-dire un catholicisme bien peu universel réservé à une sorte d'élite européenne autoproclamée qui évoque la sclérose pharisienne. Saint Augustin lui-même, peu suspect de reléguer l'Ancien Testament comme tel Père grec de l'Eglise, fait cette remarque de bon sens, un fois n'est pas coutume, que si le Nouveau Testament découlait de l'Ancien, alors il n'aurait pas été nécessaire que Jésus naisse, meure et ressuscite. Amen.

     

     

  • Témoin n°1

    Tout le monde ou presque a déjà vu un de ces feuilletons yankis débiles où les flics doivent à tout prix empêcher le témoin de se faire flinguer par les gansgsters avant d'avoir pu déposer à la barre.

    Eh bien c'est à ça que me fait penser la biographie de Simone Weil par Laure Adler, féministe en minijupe bombardée intellectuelle de premier plan depuis que Mitterrand daigna jeter un jour un regard approbateur sur ses gambettes libérées.

    (Simone Weil : l'édudiante déchaînée, est-il utile de préciser, pas son homonyme la sufragette encombrante qui se fait servir dans son hôtel du VIIe arr. par un nègre à plastron dans de la porcelaine de Saxe.)

    Il faut buter le témoin Simone Weil ! Même morte, elle témoigne encore beaucoup trop contre la mafia capitalistico-gaulliste.

    Songez qu'elle a attesté de la médiocrité de la petite clique gaulliste réfugiée à Londre, qu'elle côtoya de près. Et même pris la défense de Pétain contre de Gaulle d'après son frère André Weil. Elle a aussi estimé stupide qu'on puisse rendre hommage aux victimes de la seconde guerre mondiale en fonction de leur race, et que ce genre d'hommage qui ne mange pas de pain en général était plutôt immoral. Les origines juives de Simone Weil ne lui ont même pas rendu la franchise plus facile, par rapport à Le Pen je veux dire, étant donné qu'elle dédaigna son judaïsme au point de se convertir au communisme puis au christianisme. Je n'ose pas dire 'catholicisme' étant donné la clique d'imbéciles jansénistes à laquelle Simone Weil a été confrontée. On ne sait rien encore de la rencontre entre Simone Weil et Léon Bloy qui s'est faite au Ciel.

    Bref la liste de ses crimes contre la bourgeoisie est assez longue pour qu'on essaie de faire passer Simone pour une étourdie, ou encore pour une emmerdeuse à tendance suicidaire, voire pour une petite dinde philosophique sur le modèle de Jeanne Arendt ou d'Edith Stein dont la banalité éclate à chaque phrase et fascine ainsi les cons.

    On a même mobilisé contre Simone une de ses 'amies d'enfance', Simone Pétrement, probablement verte de jalousie, qui prétend ici ou là que Simone Weil n'était pas très équilibrée et autres détails aussi peu scientifiques que lâches vu qu'aucun journaliste de la presse officielle n'osera dire le contraire.

    La presse profite du bouquin pour répandre ce propos de Simone Weil selon lequel elle se serait jointe volontiers à une bande de joyeux membres de la 'hitlerjugend' en goguette (le genre Joseph Ratzinger avant d'entrer en religion), le cas échéant, par simple goût pour la communion (Ma grand-mère maternelle se vantait parfois d'avoir brûlé la politesse à un sous-off allemand qui l'extirpait d'un fossé où sa monture l'avait projetée. Voilà au contraire le crétinisme et le conformisme.)

    Un propos sur les jeunes nazis qui témoigne au contraire de la parfaite santé mentale de Simone, pas disposée à faire porter sur une bande de pseudos boy-scouts le poids de la responsabilité d'un massacre à l'échelle capitaliste, dont on voit bien que les véritables coupables, industriels démocrates-chrétiens ou laïcs allemands, français et britanniques au premier chef, ne seront jamais jugés que par Dieu.

     

  • Relecture

    D’une poubelle du métro, je sors La Voix, l’organe de liaison des communautés catholiques de Neuilly ; un vieux numéro remontant à la semaine sainte. “Il est plus difficile à un habitant de Neuilly d’entrer au Royaume des Cieux qu’à un chameau de passer par le chas d’une aiguille…”
    Je plaisante… En couverture, le programme : “De racines communes, deux branches sont nées.” et en-dessous, pour illustrer ce propos novateur, un arbre (un figuier ?) cerné par les deux lettres “C” pour christianisme et “J” pour judaïsme. Voilà une lecture des Évangiles propre à rassurer le bourgeois ! Déjà Flaubert s’inquiétait du caractère révolutionnaire de Jésus.

    J’imagine la tête des vieux clercs jansénistes que Simone Weil consultait lorsqu’elle leur suggérait qu’il fallait purger le christianisme de ses racines juives ! Y aura-t-il un jour de nouveau des gonzesses comme Simone Weil ? Je l’espère. Ça nous changerait de toutes ces grenouilles de bénitier laïques ou démocrates-chrétiennes.

    Force est de constater, primo, que l’amalgame entre le christianisme et le judaïsme passe par le luthéranisme ou le jansénisme, “l’augustinisme” en général. Le verbiage anthropologique et pseudo-scientifique de Freud ne vient-il pas en grande partie de saint Augustin ? Sainte Monique n’est-elle pas la parfaite “mère juive”, toujours soucieuse des intérêts de son fils, et rien que de son fils ?

    Deuxio, force est de constater que cet amalgame n’a pas débouché sur une meilleure entente entre juifs allemands et luthériens allemands, mais au contraire sur la concurrence la plus barbare entre eux.
    Simone Weil, plus voltairienne, plus française que Sartre, ne pouvait que conclure radicalement à l’opposé.

    Plutôt que d’écrire sur Bernanos, Bloy ou Claudel, on aimerait que les métèques à la solde du Figaro se mêlent de ce qui les regarde : informer des cours de la Bourse, du dernier navet cinématographique à regarder en couple ou en famille, ou de préparer la guerre contre l’Iran.

  • CRS = SS

    Certes, comme l’explique Simone Weil dans Les Causes de l’oppression, la foi dans la religion laïque peut être sincère. La Nature toute-puissante imposait aux sociétés primitives une crainte superstitieuse ; l’Etat laïc totalitaire tout-puissant et ses institutions bureaucratiques tiennent eux aussi les individus en “respect”, leur inspirent la même sorte de crainte, le sentiment d’être le jouet de forces supérieures.
    Celui qui fait du soldat nazi, prêt à obéir aveuglément à son führer le seul exemple de fanatisme laïc, c’est celui-là qui est le vrai “révisionniste”.

    La France contemporaine fournit encore quantité d’autres exemples de ce panurgisme à grande échelle, de plans Marshall de la bêtise. On pense bien sûr au gaullisme ; mais le moins qu’on puisse dire c’est que les successeurs de De Gaulle n’ont pas enrayé la machine à broyer les consciences et que les héritiers de Mai 68 se planquent derrière un idéal qu’ils ont trahi. Ici Sarkozy vaut mieux que Glucksman, Cohn-Bendit ou Alain Geismar : il est moins hypocrite.

    *

    Les Yankis n’ont pas, hélas, le monopole de l’ignorance. Mais le régime yanki a perfectionné la propagande de Goebbels. Le sécularisme laïc et capitaliste que l’Allemagne nazie a échoué à imposer à l’Europe, les Etats-Unis ont réussi à l’imposer au monde entier.
    C’est le mérite particulier de Drieu La Rochelle d’avoir distingué très tôt, dès qu’il fut en contact avec la réalité nazie, la continuité entre le régime nazi et le régime yanki, lui qui était devenu nazi par anti-américanisme. En un sens Drieu s’est moins trompé que Malraux ou Bernanos ; c’est ce qui lui vaut la haine recuite des propagandistes.

    Un intellectuel comme Claude Allègre fait le chemin inverse aujourd’hui de celui de Drieu ou Bernanos, vite décillé sur le compte de De Gaulle et des gaullistes. A contrecourant de l’histoire. Allègre est pourtant bien placé pour constater les dégâts du capitalisme sur la science, qu’il combat d’ailleurs vigoureusement, par un étrange dédoublement de personnalité… pas si étrange que ça, en fait ; pour tout dire, cette contradiction est même très répandue.
    On la retrouve au cœur même du nazisme. Ce qui distingue le régime nazi du régime yanki, en effet, c’est que le premier, avant de s’abîmer dans une guerre totale capitaliste a accompli le socialisme réel, dans le cadre d’une nation, ce qu’aucun Etat n’est parvenu à faire dans l’ère capitaliste avant lui ni après. Le rapport que les libéraux entretiennent aujourd’hui avec le nazisme est bien un rapport de répulsion ET de fascination.
    La caricature de l’Allemagne nazie est plus que jamais nécessaire. Il convient pour la propagande laïque de ne pas entrer dans les détails de l’Histoire. Ainsi, en éludant “le point de détail”, Le Pen n’a fait qu’éviter le piège qu’on lui tendait pour mieux tomber dedans.
    La leçon de l’histoire du nazisme tirée par Drieu, c’est que la voie du capitalisme à visage humain, du capitalisme “réformé”, du capitalisme “socialiste” est une impasse. C’est une leçon qui vaut aussi bien pour Allègre que pour Le Pen, Sarkozy ou Ségolène Royal aujourd’hui, idolâtres à des degrés divers de l’Etat laïc républicain.

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    Bien sûr un des aspects les plus odieux de cette propagande laïque, c’est sa façon de faire de Tariq Ramadan, du régime iranien ou de l’islam en général des boucs émissaires, de les dépeindre en héritiers d’Adolf Hitler. On remarque que ce sont les mêmes qui sont à la pointe de la propagande anti-islamiste en France, Le Monde, Le Figaro, dont l’influence s’étend au-delà de leurs seuls abonnés, qui ne se gênent pas pour vendre des armes à l’Arabie saoudite.

  • Itinéraire bis

    Je ne peux pas m’empêcher de considérer le régime démocratique actuel comme un régime “féminin”. Non pas parce qu’il est plus égalitaire et favorable aux femmes ; de ce point de vue, je ne crois pas que les femmes sont plus dupes du féminisme que les afro-américains ne se font d’illusions sur la véritable nature de l’antiracisme. Mais, plus profondément, parce que la démocratie est un moralisme et un sécularisme. La démocratie est un régime anachronique, archaïsant.

    Les idées qui sous-tendent la démocratie, comme la “fin de l’histoire” ou l’existentialisme, l’évolutionnisme, sont des idées typiquement antiscientifiques. On a l’habitude de définir Nitche, approximativement, comme un philosophe néo-païen assez hétéroclite. C’est d’abord une femme sentimentale. Si on se penchait sur l’éducation que les penseurs existentialistes ont reçue, de Pascal à Proust en passant par Kierkegaard, Freud, Nitche - peut-être faut-il ajouter à la liste saint Augustin et Benoît XVI -, je ne serais pas plus étonné que ça si on découvrait le rôle prépondérant et abusif joué par leurs mères.

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    Bien sûr il y a des exceptions, des femmes révolutionnaires. Simone Weil est le plus bel exemple contemporain qu’on puisse citer, de femme profondément attachée à la science, à l’histoire, à la politique. Née dans un milieu socialiste bourgeois très patriotique, elle a rapidement évolué vers le communisme, puis du communisme vers le christianisme. On peut regretter qu’elle ait alors été confrontée à des interlocuteurs jansénistes, les pères Couturier et Perrin, ou Gustave Thibon.
    Pourquoi Simone Weil a-t-elle hésité à demander le baptême chrétien ? L’explication est ici : le scepticisme chrétien qu’elle rencontre la laisse sceptique, elle qui aime tant la logique.
    La critique de Pascal par Simone Weil est d’ailleurs radicale. Simone Weil a compris que chez Pascal la foi est de l’ordre de l’autosuggestion (comme l’athéisme de Diderot, au passage).

    Ce n’est sûrement pas l’attachement de Simone Weil à ses racines juives qui l’a fait reculer, comme Bergson. Simone Weil n’écrit-elle pas qu’“Il faudrait purger le christianisme de l’héritage d’Israël.”

    Ce genre de déclaration situe la théologie de Simone Weil à l’opposé de celle de Mgr Lustiger, dans laquelle Jésus finit par n’être plus qu’une sorte de prophète judéo-chrétien.
    On comprend aussi pourquoi les curés démocrates-chrétiens préfèrent citer Nitche dans leurs sermons plutôt que Simone Weil ; ils risqueraient de réveiller leurs auditoires qui préfèrent attendre que la grâce leur tombe du ciel comme les tables de la Loi. Simone Weil est aussi politiquement incorrecte qu’Edith Stein et Jeanne Arendt sont insipides.

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    L’antigaullisme de Simone Weil est aussi particulièrement inconvenant à une époque où même les anciens soixante-huitards y vont de leur petite génuflexion au pied de la statue du Général.

    Dans un entretien avec M. Muggeridge de la BBC en 1973 (paru dans la revue Sud, 1990), André Weil, le frère aîné de Simone, fournit des détails sur cet antigaullisme :
    « (…) ce qu’elle détestait par-dessus tout [chez les gaullistes de Londres] était leur intolérance absolue à l’égard de ceux qu’ils appelaient les “collaborateurs” : nombre de ces prétendus collaborateurs étaient des gens parfaitement honnêtes et fréquentables qui faisaient ce qu’ils pouvaient en des circonstances difficiles.
    En fait, ma sœur mentionne dans une lettre qui a été publiée, que les gaullistes la qualifiaient de “pétainiste”, et vice-versa. Il était fatal qu’elle fût en mauvais terme avec presque tout le monde - elle en avait une vieille habitude. Tous la considéraient comme une vieille ennemie car elle les perçait à jour très vite. »

    On imagine le scandale que provoqueraient les propos d’André Weil aujourd’hui, après trente-cinq ans de “progrès démocratique”, s’ils étaient tenus dans un grand média comme la BBC. Difficile de donner des leçons de liberté aux Chinois dans ces conditions.